Passant, voyageur, vous êtes venus sur les lieux et attendez : le bateau, l’éclaircie, les autres passants, les petits événements. Vous êtes là et vous êtes ailleurs, l’humidité monte, les gouttes tombent sur la tôle de plastique, vous voyez la vapeur, la buée, mais ce n’est qu’un mur gris et sec. Le lieu est là en absence. Vous regardez votre carte, vous cochez les villes où vous êtes passé, vous regardez ce point sur la carte et voyez le ciel, la lumière y était douce, ou crue, ou nocturne. Des mots se tissent entre ces lieux du monde où vous avez marché, des mots comme des hiéroglyphes effacés, à demi. Reviennent, à la surface de votre mémoire, les noms et les matières du sol comme vous reviennent les titres des livres et leur forme interne globale, remodelée par l’expérience indirecte, ce que vous en avez dit à d’autres et ce que d’autres en ont dit. Puis c’est le trop plein, le spectacle qui vous saisit, la voix qui vous incite et des lucioles agacées, vous êtes aussi le nouveau touriste et émerveillé vous devez être.
Expodrome, Dominique Gonzalez-Foerster, Mam Paris,13 février – 6 mai.